Etant donné l’intérêt de multiples personnes à l’égard de la Cité de l’Education et de leur désir de la mettre en place sur leur propre territoire, nous avons proposé à l’Association Internationale de Formation et de Recherche en Education Familiale (AIFREF) de créer en son sein un Réseau International des Cités de l’Education (RICE). Les membres du Conseil d’Administration de l’AIFREF ont désigné J.-P. Pourtois, H. Desmet, E. Catarsi et O. Prévôt comme coordinateurs du Comité de pilotage. Le rôle de celui-ci est de répondre aux questions et aux demandes des personnes intéressées, de valider les demandes d’adhésion et de faciliter les échanges entre projets, voire de susciter des associations de projets (par exemple, pour obtenir des financements européens). Le comité de pilotage va aussi provoquer des rencontres entre les membres du RICE lors des Congrès de l’AIFREF (qui ont lieu tous les deux ans) et/ou lors de colloques intermédiaires. Les rencontres réunissent les personnes qui ont déjà créé une Cité de l’Education ou qui en font partie ainsi que toutes celles qui sont intéressées par le concept.
Les membres du RICE adhèrent aux spécificités suivantes :
Des Cités de l’Education se développent aujourd’hui dans diverses villes de pays différents. Nous présentons ci-après une série de projets en cours ou en préparation. Cette présentation illustrera la variété des entreprises engagées.
« Il faut tout un village pour éduquer un enfant » dit un proverbe africain. En ces temps où l’individualisme s’impose au sein de la société en général et de la famille en particulier, suscitant des problématiques spécifiques telles que l’angoisse des parents, la (sur)puissance mais aussi la fragilité de l’ « enfant du désir », le désarroi des enseignants et des éducateurs, le recours fréquent aux psy… il est urgent de retrouver de la reliance entre les gens pour permettre le bien-vivre et surtout le bien-faire ensemble et susciter le développement optimal de tous, enfants et adultes. Certes ! Mais comment faire ? Etre des parents seuls face à l’éducation de leur enfant, des enseignants isolés dans leur classe, des intervenants socio-éducatifs, sanitaires, culturels… sans lien les uns avec les autres se révèle peu efficace, décourageant et anxiogène. Par contre, travailler ensemble, co-éduquer permet de créer une synergie fructueuse dont les bénéficiaires sont non seulement les enfants mais aussi les adultes qui s’engagent dans une telle voie.
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Lire la suite : Introduction : Eduquer, c’est l’affaire de tous
Le Réseau International des Cités de l’Education (RICE) constitue une plate-forme permettant aux responsables politiques, aux professionnels, aux parents et à tout autre acteur intéressé par les Cités de l’éducation de trouver des informations sur celles-ci, de connaître les projets en cours, d’échanger des pratiques, voire de se rencontrer. Il a aussi pour but de faire émerger de nouvelles Cités de l’éducation en tout lieu, dans tout pays.
Lire la suite : 1. Qu’est-ce que le Réseau International des Cités de l’éducation (RICE) ?
La Cité de l’éducation doit être vue comme une unité de vie au sein de laquelle l’éducation est l’affaire de tous ; elle concerne donc tout autant les responsables politiques que l’ensemble de la population et des institutions qui y sont présentes. On y pratique la co-éducation visant la protection et l’émancipation de tous ces enfants mais aussi des adultes en vue d’un avenir collectif favorable. L’accent est fortement mis sur le soutien à la parentalité et sur l’accompagnement des professionnels de l’action psycho-socio-éducative (enseignants, psychologues, éducateurs, puéricultrices, intervenants sociaux, médecins, infirmières, artistes…).
Au sein d’une Cité de l’éducation, les projets doivent être mis en réseau ; celui-ci vise à faire réfléchir tous les acteurs concernés sur leur action, en articulant les divers projets pour donner une cohérence à l’ensemble de l’action. Ce concept d’approche intégrée au sein de la communauté implique à la fois le respect de la spécificité de chacun (et des familles en particulier) et le développement d’un ensemble de pratiques cohérentes. Cela implique d’organiser des espaces d’information et des séances de formation pour soutenir les acteurs concernés.
Comme dans toute approche démocratique, le degré d’engagement (ou de non-engagement) des membres doit aussi être respecté, depuis le refus jusqu’à la coopération, voire l’implication.
3.1. Toute la communauté
Tous les citoyens (y compris les responsables politiques) d’une ville ou d’une municipalité peuvent devenir acteurs éducatifs dans une Cité de l’éducation. La famille, l’école sont des acteurs incontournables car tous les enfants fréquentent ces deux espaces. Mais il en est d’autres qui constituent des lieux où les professionnels ont la mission explicite de pourvoir au développement des enfants : ce sont les structures d’accueil et d’éducation de la petite enfance (crèches, assistantes maternelles…), les Centres psycho-médico-sociaux et nombre d’associations à caractère éducatif : aide en milieu ouvert (AMO), écoles des devoirs, services d’aide à la jeunesse, ludothèques… Il existe aussi des lieux destinés aux familles : maisons de la parentalité, maisons de quartier, centres publics d’aide sociale… ou qui s’adressent plus aux adultes : centre de réinsertion sociale et professionnelle, centre d’alphabétisation, plannings familiaux, associations de parents… D’autres encore n’ont pas a priori de lien avec l’éducation : les entreprises, les commerces, les centres ouverts pour réfugiés, l’administration communale…
Lire la suite : 3. Quels sont les acteurs d’une Cité de l’éducation ?
Depuis plus de cinquante ans, les constats sont identiques : les enfants issus d’un milieu défavorisé réussissent moins bien à l’école que ceux issus d’un milieu favorisé. Les multiples réformes scolaires n’ont rien changé à la situation. Il faut donc trouver une voie nouvelle pour lutter efficacement contre l’inégalité des chances scolaires – et par-delà sociales – et viser l’émancipation de tous les enfants.
L’intention d’une Cité de l’éducation est de se pencher sur les conditions d’une réelle émancipation de l’individu : il s’agit de le libérer des déterminismes qui entravent son développement psychosocial et de renforcer ses mécanismes de résistance face aux éléments qui pourraient menacer son identité. La Cité de l’éducation doit pour cela se donner les moyens de concilier les objectifs d’épanouissement (développement individuel), de socialisation (développement social) et d’émancipation (développement optimal des potentialités du sujet au-delà des déterminismes). Son intervention nécessite d’établir des relations de co-éducation entre la famille, l’école et la communauté permettant au sujet de s’approprier des connaissances qui aient du sens pour lui et de vivre dans un contexte cohérent et harmonieux. C’est de la sorte qu’il pourra construire son identité et son développement, libéré d’une série d’assujettissements qui entravent sa trajectoire de vie.
Trois clés de voûte sous-tendent la Cité de l’éducation : la co-éducation, les activités de langage oral et les rencontres éducatives parentales.
6.1. La co-éducation
Le concept de « co-éducation » est ici central. Il implique la mise en place d’une alliance éducative école-famille-communauté dont les membres utilisent un référentiel commun afin d’aboutir à un but : le développement psychosocial optimal de l’enfant. Les parents, éducateurs, enseignants, assistants sociaux, psychologues, médecins, animateurs… sont tous des partenaires dont les champs d’action et les savoirs respectifs doivent strictement être respectés.
Lire la suite : 6. Comment agir au sein d’une Cité de l’éducation ?
Au cours de la recherche-action « Parents partenaires de l’éducation », nous avons effectué avec les acteurs concernés une analyse réflexive au départ des textes qu’ils avaient rédigés dans leur carnet de bord. Nous avons également, durant trois années, menés, avec ces acteurs des entretiens semi-directifs dont les corpus été traités par des analyses de contenu. Ces analyses ont permis de constamment ajuster les actions menées et ont débouché sur une série de recommandations utiles pour le fonctionnement d’une Cité de l’éducation. Nous prendrons en compte quatre processus susceptibles d’en stimuler la mise en œuvre : les processus systémique, expérientiel, évolutif et idéologique.
Lire la suite : 7. Quels processus sous-tendent la Cité de l’éducation ?
La Cité de l’éducation n’étant plus une utopie, il s’agit aujourd’hui de la rendre publique et d’assurer un soutien à ceux qui désirent la mettre en œuvre dans sa propre ville, son quartier, son école, son institution… Afin qu’elle garde sa philosophie et ses valeurs de base, une charte a été réalisée. Elle constitue le fil rouge qui relie tous les projets ensemble, sachant bien sûr que chacun d’eux sera différent, présentera une spécificité liée au contexte et aux personnes. Après la présentation de la charte, une convention est proposée.
Les lecteurs intéressés par plus d’informations sont invités à se référer aux deux ouvrages suivants :
Pourtois J.-P. et Desmet H. (2015), L’éducation émancipatrice. De la co-éducation à la Cité de l’éducation, Paris, Ed. Philippe Duval.
Pourtois J.-P. et Desmet H. (2015), Eduquer, c’est l’affaire de tous. La Cité de l’éducation. Paris, Ed. Philippe Duval.
Les renseignements relatifs au modèle des douze besoins psychosociaux peuvent être trouvés dans l’ouvrage de Pourtois J.-P. et Desmet H. (2004, 4ème tirage), L’Education postmoderne, Paris, PUF.